Aujourd’hui, j’ai lu un article de blog intitulé « Analyse des résultats publiés du Gardasil sur la fréquence du cancer du col de l’utérus » présent sur le mur d’une amie facebook. Ouvert d’esprit et intéressé par la question, j’ai donc parcouru cet article écrit par un chirurgien (je vous laisse aller retrouver cet article sur votre moteur de recherche favoris).
Gardasil, c’est un vaccin contre le HPV, le virus du papillome humain. Il s’agit d’un virus qui peut infecter diverses muqueuses de l’organisme et s’y multiplier, causant à long terme des cancers. L’exemple le plus connu est le cancer du col de l’utérus chez la femme, mais il cause également des cancers de l’anus et oro-pharyngés chez les deux sexes (comme nous en discuterons plus bas), ainsi que, plus rarement, des cancers du pénis. En effet, les hommes ne sont pas simplement des vecteurs sains, mais peuvent également souffrir de cette infection.
L’article
Le postulat de l’article est relativement simple : il y est écrit que « dans tous les pays qui ont mis en œuvre un programme de vaccination, une augmentation importante et significative de la fréquence des cancers invasifs touch[e] préférentiellement les groupes les plus vaccinés. »
Wahou. C’est flippant. Si cela s’avère être vrai, c’est la fin de Sanofi Pasteur (Gardasil) et de GlaxoSmithKline (Cervarix) et un scandale sanitaire en perspective. Bien, cela vaut la peine d’être étudié pour connaître le fin mot de l’histoire.
Dans un premier paragraphe, l’auteur nous promet de « ne [présenter] ici que des résultats avérés, officiels et indiscutables extraits des registres officiels et [de s’abstenir] dans ce texte de commentaires et hypothèses qui pourraient pourtant permettre de mieux les expliquer », ce qui est parfait ! La science ne s’encombre pas d’avis personnels.
Continuons : « Après 12 ans de commercialisation du Gardasil et plus de 200 millions de doses vendues, l’examen des registres officiels du cancer permet de tirer un premier bilan objectif d’efficacité anticancéreuse qui se révèle angoissant. »
Pour le bilan, malheureusement, oui et non. Ce vaccin qui est, rappelons-le, dirigé contre le virus du papillome humain (et non pas contre le cancer du col de l’utérus lui-même), protège contre l’infection par ce virus. Or ce virus met 15 à 30 ans pour déclencher le cancer. Du coup, sa réelle efficacité ne pourra être examinée correctement que dans une dizaine d’années. Toutefois, on peut commencer à se faire une idée de s’il est efficace pour protéger contre les infections par le HPV et, dans une certaine mesure, de son efficacité pour protéger des lésions pré-cancéreuses.
Il semble à l’auteur que le bilan est angoissant. Voilà un romancier qui sait tenir ses lecteurs en haleine ! On lui en pardonnerait presque de déjà donner son avis, malgré ce qu’il a écrit une ligne plus haut.
La façon de vérifier si oui, ou non, un produit représente un danger et/ou est efficace, c’est de prendre un grand échantillon de personnes, les séparer en deux groupes équivalents, administrer ce produit à un premier groupe et un placebo au second. Ils ne doivent pas savoir dans quel groupe ils se trouvent et dans l’idéal, l’expérimentateur non plus.
Ainsi, l’auteur nous explique que « [l’]on observe, dans tous les pays qui ont mis en œuvre un programme de vaccination, une augmentation importante et significative de la fréquence des cancers invasifs touchant préférentiellement les groupes les plus vaccinés. »
C’est une très mauvaise nouvelle ! Même si peu précis… De quels cancers parle-t-on ? Et qu’est-ce qu’un groupe « plus vacciné » ? Est-ce une étude clinique comparant des groupes vaccinés et des groupes contrôles ? Sans doute aurons-nous la réponse plus tard…
L’Australie
Par la suite, il nous est expliqué qu’en Australie, « premier pays à organiser la vaccination pour les filles (dès 2007) puis pour les garçons (2013), d’après l’Australian Institute of Health and Welfare[1], l’incidence standardisée dans la population globale n’a plus diminué depuis la vaccination. » Il s’agit d’une affirmation tout à fait correcte : comme l’indique le graphique ci-dessous, en Australie, l’incidence du cancer du col de l’utérus n’a pas diminué… depuis 1999 et non pas depuis la vaccination (mes sources sont celles citées par l’auteur (1)).
Bien, voyons comment l’auteur de ce blog analyse ces données :
« Les femmes des groupes d’âge vaccinés ont vu leur risque augmenter fortement :100% d’augmentation d’incidence pour celles de 15 à 19 ans (de 0.1 en 2007 à 0.2 en 2014), 113% d’augmentation (de 0.7 à 1.5) pour celles de 20 à 24 ans vaccinées alors qu’elles avaient entre 13 et 17 ans, et 33% (de 5.9 à 8 pour le groupe 25-29 et de 9.9 à 13.2 pour celles de 30-34) pour celles de 25 à 34 ans moins vaccinées, car seulement exposées aux vaccinations « de rattrapage ». »
Regardons le graphique d’un peu plus près : la ligne bleue représente les jeunes femmes de 15 à 19 ans. Notre ami a « malencontreusement » pris la valeur de 2007, une des plus basses, pour la comparer à celle de 2014… Une erreur sans doute puisque les valeurs des 2004 et 2005 sont respectivement 0,4 et 0,3. Bon, tant pis pour cette augmentation de 100% qui n’existe pas.
La suivante alors, de 113%, qu’en est-il ? Il s’agit de la courbe orange cette fois. Et là encore, pas de chance ! Par pure coïncidence, sans doute, l’auteur a pris la valeur de 2007, qui est un minimum local : 0,7 contre 1,5 et 1,6 respectivement pour 2006 et 2008. Bon. Le 113% d’augmentation n’existe pas non plus…
Par contre, il semble effectivement y avoir une légère augmentation de l’incidence moyenne du cancer du col de l’utérus chez les femmes de 25 à 34 ans, qui ne sont pas celles qui sont ciblées par la vaccination.
Par ailleurs, il serait intéressant de vérifier d’une part que les méthodes de dépistages de l’Australie n’aient pas évolué pendant cette période et d’autre part que le programme de dépistage n’ait pas évolué.
Comme dit plus haut, nous ne verrons probablement pas l’effet sur les cancers invasifs du col de l’utérus avant plusieurs années encore, puisque le virus met du temps à induire un cancer. Par contre, une étude en Australie (2) montre que les verrues génitales, symptômes premiers des infections par HPV, longtemps avant les cancers, ont décru de façon drastique, notamment chez les moins de 21 ans, contrairement à la tendance jusqu’au vaccin.
Bien ! Au temps pour l’Australie… Il semble que le vaccin contre le HPV ne leur nuise pas tant que ça finalement. Voire même leur soit plutôt bénéfique.
Grande Bretagne
Quid de la Grande-Bretagne alors ?
«La Grande Bretagne a organisé la vaccination pour les filles de 12 à 13 ans avec un rattrapage pour les 14-18 ans dès 2008. […] Cependant en 2016, les statistiques nationales ont montré une augmentation brutale et importante du taux de cancer du col utérin dans ce groupe d’âge [20 à 24 ans] d’autant plus inquiétante que l’incidence standardisée dans la population globale a tendance à réaugmenter depuis la vaccination passant de 9.4 en 2007 à 9.6 en 2015. […]Dans ce pays l’analyse par groupe d’âge révèle des évolutions très contrastées. Les anglaises de 20 à 24 ans qui constituaient la cible préférentielle de la campagne de vaccination ont vu leur incidence de cancer doubler de 2007 à 2015 (de 11 à 22) après une augmentation de 70% entre 2012 et 2014[3], alors les femmes de 25 à 34 ans (moins vaccinées car seulement exposées aux vaccinations « de rattrapage ») ont vu leur risque augmenter de 18% (de 17 en 2007 à 20 en 2014). »
Bien, regardons un peu les graphiques donnés par les officiels de la Grande-Bretagne (3) que je vous copie ci-dessous :
Commençons par discuter les tendances globales : l’incidence des 20-24 ans montre une augmentation constante et lente entre 1993 et 2010 passant de 2 à 4 cas pour 100 000 femmes puis une augmentation brutale de 2010 à 2013.
Parallèlement, chez les 25-34 ans et les 35-49 ans, on observe une diminution de l’incidence jusqu’en 2000 et 2002 respectivement, puis une augmentation de l’incidence jusqu’en 2009, suivie d’une chute brutale sur 2 ans et une reprise de l’augmentation.
Chez les personnes de plus de 50 ans, on observe des baisses d’incidence continues.
L’augmentation brutale des 20-24 ans est à mettre en parallèle de la baisse brutale des 25-34 et 35-49 ans. Pendant cette période, la Grande-Bretagne a réformé son système de dépistage et a réalisé des examens plus tôt chez les jeunes femmes, décalant la détection des lésions cancéreuses à un âge plus jeune (3). Contrairement à ce qu’indique le titre de l’article de l’auteur, ces lésions sont majoritairement des lésions de stade I chez les plus jeunes, et non pas des cancers invasifs. On observe donc une augmentation de l’incidence dans les groupes les plus jeunes due à un décalage de du dépistage : au lieu de détecter des stades avancés dans les groupes plus âgés, ce sont des lésions moindres qui sont détectées chez les plus jeunes. Ce qui fait donc diminuer l’incidence dans les groupes plus âgés.
L’augmentation lente et continue observée depuis les années 2000 ne peut toutefois pas être expliquée par ce changement. Son origine n’est pas connue, elle pourrait être expliquée par une amélioration des techniques de dépistage ou une augmentation des infections par HPV au cours du temps, mais ce n’est pas sûr. Toutefois elle intervient avant la mise en place de la vaccination. Nous devrions voir les effets de cette vaccination en Grande-Bretagne dans les années à venir car l’incidence des infections par HPV a chuté drastiquement chez les 16-18 ans depuis la mise en place du vaccin (la colonne 1 du graphique ci-dessous représente les 20-24 ans en 2014 dans le graphique précédent – Université d’Oxford).
La chute constante chez les groupes les plus âgés peut, elle, être expliquée par le dépistage des cancers des cols de l’utérus qui donne des bénéfices conséquents : puisque les lésions sont prises plus tôt, plus jeunes, on a une diminution des cancers graves des années plus tard.
Etats-Unis d’Amérique
Bon. Finalement, la vaccination HPV n’est peut-être pas nuisible non plus en Angleterre. Mais regardons ce qui se passe aux USA du coup ?
L’auteur de cet article nous donne en source un document du NIH sur les cancers invasifs du col de l’utérus, données obtenues par le programme SEER (5). Très bien. En page 18 se trouve le graphique qui appuie ses dires : l’incidence des cancers invasifs du col de l’utérus chez les femmes blanches ou noires (les différences notables vis-à-vis des femmes noires sont notamment culturelles).
Effectivement, on observe des phases de régression-progression chez les jeunes blanches : des périodes de baisse de l’incidence entre 1975 et 1980 et entre 1990 et 2004 (ligne verte sur le 2004). Il semble donc que ces données indiquent une légère augmentation de cette incidence chez les femmes de moins de 50 ans entre 2004 et 2015. A noter que les points de 2005 et 2006 sont déjà plus élevés. La chute de l’incidence chez les personnes de plus de 50 ans est attendue, elle est le fruit du programme de prévention. Ces données sont frustrantes : les variations observées chez les plus jeunes ne peuvent pas être analysées correctement, cette population contient, effectivement, la majorité des jeunes filles vaccinées (environ 30% des adolescentes étaient vaccinées en 2010-2012 (6)) mais comment avoir une vue plus précise du problème ?
Le graphique présenté ci-dessous est tiré des données collectées sur le site du CDC (7).
Elles ont l’avantage de donner plus de précisions. Vous pouvez voir les différentes ethnies, les groupes d’âge, par années, pour différents cancers. Je me suis ici limité aux cancers du col de l’utérus (pas nécessairement invasifs) et aux femmes blanches (les femmes de minorités ethniques présentent une chute vertigineuse de l’incidence de cancer depuis 1990 ce qui peut fausser notre analyse).
Différence notable numéro 1, On n’observe globalement d’augmentation d’incidence pour aucune des tranches d’âge présentées (toutes sont sous les 50 ans). La différence avec les données du SEER pourraient se trouver dans le fait que l’on regarde ici tous les stades de cancer et non pas uniquement les cancers invasifs. Nous n’espérons par ailleurs pas encore, ou à peine, commencer à voir les effets de la vaccination HPV sur les cancers.
De façon intéressante, les trois populations les plus jeunes (20-24 bleu, 25-29 orange, 30-34 gris) semblent avoir une incidence en réduction ! Je vais aplanir un peu ces données en moyennant les données sur trois années glissantes pour limiter les effets de maxima locaux.
L’incidence de ce cancer chez les jeunes femmes de 20-24 ans chute indéniablement et de façon progressive, de presque 2 pour 100 000 à moins de 1 entre 1990 et 2015, la décroissance s’accélérant un peu sur la fin (rien n’indique que cela vienne du vaccin). Les courbes orange (25-29 ans) et grises (30-34 ans) diminuent, quant à elles, drastiquement entre 1990 et 2010-2013 avant de remonter légèrement. D’autres études seront nécessaires pour déterminer une éventuelle cause si cette tendance se poursuit et que le programme de dépistage n’a pas changé sur cette période.
En conclusion, aux USA, depuis l’autorisation de mise sur le marché du Gardasil en 2006, l’incidence du cancer du col de l’utérus a diminué entre 20 et 30 ans alors qu’elle est stable chez les personnes de plus de 30 ans. Cela n’indique en rien que ce vaccin participe à la baisse d’incidence, surtout avec le faible taux de vaccination des américaines, mais cela n’indique en aucun cas que le vaccin puisse être associé à une augmentation des cas de cancer du col.
Pays scandinaves
Bon, pour la Norvège et la Suède, j’ai du mal. Je ne peux pas me renseigner directement dans les sources de l’auteur puisqu’elles ne sont pas fournies (!!!), et que je ne comprends la langue… Bien, rabattons-nous sur ce que nous disent les articles scientifiques, même si cela ne me permettra pas de discuter directement les dires de l’auteur.
Une étude récente sur une cohorte de jeunes femmes suédoises a comparé l’évolution de lésions du col de l’utérus entre sujets vaccins et non vaccinés (8). L’étude montre que la vaccination contre le HPV protège jusqu’à 75% les jeunes femmes de lésions précancéreuses si le vaccin est administré avant 17 ans. Ces résultats ne sont pas ceux des cancers invasifs, qui surviendront plus tard, mais des lésions de haut grade qui sont comparables à des tumeurs non invasives. Par ailleurs, cette vaccination diminue également l’incidence des verrues génitales, indicateurs d’infection par le HPV, chez les hommes et les femmes en Suède, 6 ans après la vaccination.
En admettant donc l’augmentation de l’incidence du cancer du col de l’utérus et en supposant que la malchance de prendre les valeurs extrêmes n’a pas frappé cette fois, ces résultats indiquent clairement que le vaccin a un effet protecteur et non causal du cancer.
Données scientifiques notables
Je vais rajouter à cela deux autres études récentes :
- La première publiée dans Cochrane (9), cette méta-analyse a inclut 26 essais cliniques incluant 73 428 participants à long terme et a démontré que la vaccination HPV protège des lésions précancéreuses induites par HPV16/18 sans effets secondaires notables (Cet article a mauvaise presse auprès du public, je détaille cela en pied de page, sous les réfences).
- Une seconde méta-analyse (10) incluant 20 études suggère qu’outre l’effet protecteur vis-à-vis des lésions pré-cancéreuses des vaccins anti-HPV, une fois un pourcentage de 50% de la population vaccinée, une immunité de horde permet de réduire la dissémination des virus et protège les personnes non-vaccinées (une fois encore, il est trop tôt pour vérifier l’impact sur le cancer invasif !).
Discussion
En conclusion, la mise sur le marché des vaccins contre le HPV, trop récente d’après les scientifiques pour que des effets soient déjà visibles sur les cancers invasifs du col de l’utérus, n’est pas associée à une augmentation des cancers.
Des augmentations peuvent, en effet, être notées dans quelques pays mais cette tendance a commencé avant le début de la vaccination et cette augmentation pourrait bien être due à une augmentation des infections par HPV. Si tel est le cas, le programme de vaccination devrait mettre d’ici quelques années un terme à cette « épidémie » de cancer.
Je vais finir par quelques mots sur la forme de l’article de notre bloggeur alarmiste et complotiste. C’est bien dommage pour quelqu’un qui se revendique statisticien de présenter de chiffres issus de minima locaux pour les comparer : c’est au mieux être un incapable, au pire, faire de la manipulation de masse. L’absence de sources pour certaines données est bien triste également, surtout pour une personne au fort bagage scientifique, puisque cela empêche la vérification des données, et leur remise en contexte (surtout qu’on a vu que vérifier ses sources s’avère nécessaire !). Il est intéressant de noter que la partie des références bibliographiques de l’article mélange des liens et des avis personnels, donnant une impression de recherches qui n’ont visiblement pas eu lieu.
Enfin, la non-existence de l’association entre un prétendu risque accru de développer un cancer du col et la vaccination HPV, si l’on y ajoute les premiers résultats issus d’études portant sur des dizaines de milliers de personnes vaccinées et montrant des résultats encourageant sur la réduction des lésions-précancéreuses est un magnifique point à apporter au début sur l’utilité de la vaccination par le HPV.
Le point majeur qu’il serait intéressant de discuter est l’éventualité d’atteindre une immunité de horde si l’on vaccine plus de 50% des femmes d’un pays : bien que très encourageant, ce résultat pourrait être interprété sous un autre jour. Les hommes, outre le côté vecteur de ce virus pour les femmes, souffrent également de maladies provoquées par ce virus allant de verrues sur les organes génitaux à des cancers péniens, ou oro-pharyngés qui peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Prenons le carcinome de l’oropharynx. Aux USA, alors que l’incidence globale de ce cancer diminue depuis 1973, celle du cancer de l’oropharynx du au HPV n’a cessé d’augmenter (11) ! Il s’agit maintenant d’une des causes majeures des cancers de la sphère ORL (dû à un meilleur diagnostic, une évolution des pratiques sexuelles…). Et finalement, ces cancers ORL dus au HPV, on les retrouve plus chez les hommes que les femmes. Le fait d’être en bonne santé, non-fumeur et ne touchant pas une goutte d’alcool n’y changera rien, la muqueuse vaginale aide le système immunitaire de la femme à lutter contre le HPV alors que les muqueuses exposées de l’homme non.
Conclusion globale : non seulement le vaccin contre le HPV n’est PAS dangereux ni associé à un risque accru de cancer, mais en plus il présente un intérêt certain tant pour les hommes que pour les femmes.
Références
1) Australian Cancer Incidence and Mortality (ACIM) books, ACIM books – Australian Institute of Health and Welfare. (s. d.). Consulté 18 octobre 2018, à l’adresse https://www.aihw.gov.au/reports/cancer/acim-books/contents/acim-books
2) Ali, H., Donovan, B., Wand, H., Read, T. R. H., Regan, D. G., Grulich, A. E., … Guy, R. J. (2013). Genital warts in young Australians five years into national human papillomavirus vaccination programme: national surveillance data. BMJ, 346, f2032. https://doi.org/10.1136/bmj.f2032
3) Castanon, A., & Sasieni, P. (2018). Is the recent increase in cervical cancer in women aged 20–24years in England a cause for concern? Preventive Medicine, 107, 21 28. https://doi.org/10.1016/j.ypmed.2017.12.002
4) HPV (Human Papillomavirus) | Vaccine Knowledge. (s. d.). Consulté 18 octobre 2018, à l’adresse http://vk.ovg.ox.ac.uk/hpv
5) SEER Cancer Statitics Review 1975-2014 – National Cancer Institute. Consulté le 18 octobre 2018, à l’adresse https://seer.cancer.gov/archive/csr/1975_2014/results_merged/sect_05_cervix_uteri.pdf
6) Accelerating HPV Vaccine Uptake: Urgency for Action to Prevent Cancer: Part 2: Urgency for Action. (s. d.). Consulté 18 octobre 2018, à l’adresse https://deainfo.nci.nih.gov/advisory/pcp/annualreports/hpv/Part2.htm
7) CDC – Download USCS Data – NPCR – Cancer. (2018, septembre 13). Consulté 18 octobre 2018, à l’adresse https://www.cdc.gov/cancer/uscs/download_data.htm
8) Herweijer, E., Sundström, K., Ploner, A., Uhnoo, I., Sparén, P., & Arnheim‐Dahlström, L. (2016). Quadrivalent HPV vaccine effectiveness against high-grade cervical lesions by age at vaccination: A population-based study. International Journal of Cancer, 138(12), 2867 2874. https://doi.org/10.1002/ijc.30035
9) Arbyn, M., Xu, L., Simoens, C., & Martin‐Hirsch, P. P. (2018). Prophylactic vaccination against human papillomaviruses to prevent cervical cancer and its precursors. Cochrane Database of Systematic Reviews, (5). https://doi.org/10.1002/14651858.CD009069.pub3
10) Drolet, M., Bénard, É., Boily, M.-C., Ali, H., Baandrup, L., Bauer, H., … Brisson, M. (2015). Population-level impact and herd effects following human papillomavirus vaccination programmes: a systematic review and meta-analysis. The Lancet Infectious Diseases, 15(5), 565 580. https://doi.org/10.1016/S1473-3099(14)71073-4
11) Chaturvedi, A. K., Engels, E. A., Anderson, W. F., & Gillison, M. L. (2008). Incidence trends for human papillomavirus-related and -unrelated oral squamous cell carcinomas in the United States. Journal of Clinical Oncology: Official Journal of the American Society of Clinical Oncology, 26(4), 612 619. https://doi.org/10.1200/JCO.2007.14.1713
La controverse Cochrane
Une critique a été réalisée de la review citée en point 9, par Lars Jørgensen et Thomas Jefferson dans Cochrane Nordic. Ce second article a eu grande visibilitée auprès des personnes vaccino-sceptiques car relayée sur les réseaux sociaux et, abusivement extrapolée pour dénoncée une étude « falsifiée ».
En réalité, même eux n’ont affirmé nul part qu’il s’agit d’une étude falsifiée ! La falsification de données implique un acte de modifier volontairement des données. Non, en réalité, il leur a été reproché un manque de rigueur. Mais même cela, voyons le ensemble.
Notons tout de même au passage un premier point, qui semble important, à aucun moment la seconde revue ne dit que la première a tort.
- The Cochrane review missed nearly half of the eligible trials
Les auteurs de Cochrane Nordic accusent les premiers d’avoir raté 20 études sur 46 dans leur revue. Les auteurs de la seconde revue ont identifié 206 papiers pouvant être utilisés, donc environ 70 étaient disponibles lorsque les auteurs ont commencé leu review.
Pour déterminer que 46 étaient disponibles, ils sont toutefois parti des 206 études disponibles lorsque eux ont écrit leur étude pour y appliquer les filtres proposés par la première équipe.
Dès lors, une partie des 20 études est sortie entre les deux review, même si les auteurs de la review que j’ai cité ont peut-être raté quelques unes d’entre elles.
- The only saline placebo trial of approved HPV vaccines is a Gardasil 9 trial
Les auteurs de la review que j’ai cité ont exclu les analyses sur Gardasil 9 par manque d’études contrôlées par placebo. Toutefois nous n’avons même pas 5 ans de recul sur Gardasil 9. Quand un vaccin HPV doit mettre plus de 15 ans à montrer son effet, on est censés voir quoi à 5 ans ?!
Par ailleurs, l’étude Gardasil 9 en question, la voici :
Garland et al. report the effectiveness of gardasil 9 and insignificant numbers of adverse events, which appear in similar numbers across both active and placebo groups
http://dx.doi.org/10.1016/j.vaccine.2015.08.059
- No included trial in the Cochrane review used a placebo comparator
Ce point critique le fait que les 26 essais cliniques utilisés par la revue que j’ai cité utilisent des adjuvants ou un vaccin hépatite B comme « placebo » en lieu et place d’une solution saline. Il leur est proché d’avoir appelé « placebo » un groupe contrôle actif.
Il leut est également reproché d’avoir comparé des choses incomparables dès lors : les adjuvants étant spécifiquement étudié pour chaque vaccin, ils ne peuvent être interchangés et le fait de ne pas avoir utilisé de solution saline peut masquer les effets indésirables des adjuvants.
Ce point a partiellement raison : les points soulevés sont juste mais non pertinents car les auteurs s’appuyent sur un robuste corps bibliographique pour justifier de la non-nocivité de l’hydroxyde d’aluminium et du sulfate d’hydroxyphosphate d’aluminium. Le point de l’absence d’étude utilisant une solution saline comme contrôle doit être adressé mais il s’agit d’un défaut d’essai clinique et pas de review qui compose avec ce qu’elle a (une seule étude existe, c’est celle avec le Gardasil 9 mentionnée ci-dessus).
- The included HPV vaccine trials used composite surrogate outcomes for cervical cancer
Ce reproche se base sur l’utilisation de lésions pré-cancéreues et de néoplasies intra-épithéliales (CIN) en lieu et place de cancers invasifs du col de l’utérus et d’extrapoler les données aux cancers en eux-mêmes. Le problème ici c’est qu’une partie de ces SIN vont régresser spontanément voire disparaitre.
Les auteurs utilisent ces SIN car, comme expliqué tout au long de l’article, il est trop tôt pour voir un impact sur les cancers invasifs pour l’instant. Ce n’est pas une très bonne critique.
- The Cochrane review incompletely assessed serious and systemic adverse events
Cette partie de la critique se porte sur les effets secondaires indésirables. Reproche est fait aux auteurs de ne pas avoir expliqué que pour 20 000 des 70 000 femmes, les effets secondaires n’ont été suivi que sur 14 jours et d’avoir sous-estimé les effets indésirables de certaines études.
Un autre reproche se porte sur les décès pendant les années de suivi : 51 personnes vaccinées et 39 contrôles sont décédés de causes non dues au vaccin et les auteurs de Cochrane Nordic indiquent qu’un accident causant la mort peut être dûe à une syncope attribuée au vaccin.
Ce reproche est vrai, mais attribuable aux deux groupes et est une critique à porter aux essais cliniques dans leur ensemble, pas à une review.
- The Cochrane review did not assess HPV vaccine-related safety signals
Cette partie là va être un peu plus rapide : les auteurs n’ont pas étudié spécifiquement le syndrome de tachycardie orthostatique posturale et le syndrome de douleur régionale complexe.
Je vous poste simplement le lien vers la réponse de l’European Medicine Agency et vous invite à vérifier par vous-même : il n’y a pas de lien entre ces syndromes et la vaccination HPV.
https://www.ema.europa.eu/…/emas-procedural-handling…
Conclusion : cette étude présente quelques défauts, comme toutes les études scientifiques. Les critiques qui lui sont portées sont pour la vaste majorité : réfutées par la littérature existante (POTS, CPRS, adjuvants), pas du fait de la review (pas de groupe purement saline) et logique d’un point de vue temporel (Gardasil 9 n’est que très récent).
L’éditeur en chef de Cochrane, au terme d’une enquête en interne avec les équipes a statué que :
« Nous comprenons bien la sévérité et l’importance des critiques formulées, dont les implications vont par-delà cette revue en termes de méthodologie des revues systématiques. Pour cette raison, nous avons formé une équipe d’éditeurs travaillant avec les auteurs pour investiguer les plaintes de façon urgente. […] A ce jour, nous n’avons aucune raison de croire que les conclusions majeures de la revue concernant les bénéfices et les effets secondaires ne sont pas sûres. Toutefois, nous avons dans l’intention d’initier une mise à jour urgente de la revue incorporant les nouvelles informations obtenues. »